dimanche 20 septembre 2009

Le jeune chemineau (sonnet).


     Il a erré longtemps, par les chemins boueux,
En tendant aux passants une main pitoyable.
Mais, devant son œil sombre et son air misérable,
Chacun presse le pas et détourne les yeux.

     On croirait un vieillard, au pas lent, douloureux.
Or, ce n'est qu'un enfant que la fatigue accable.
Tout le jour, il a cru à la main secourable
Qui calmerait sa faim par un don généreux.

    Alors, désespéré par une quête vaine,
Il s'assoit, harassé, au bord d'une fontaine...
Sous le soleil couchant, qui rougeoit ses haillons,

    Il paraît, en effet, beaucoup plus que son âge.
A longs traits, il a bu. Et l'eau, sur son visage,
- Mais est-ce bien de l'eau ? - a laissé deux sillons.

              Sonnet de Arsène Hann (décembre 1 998).